La marge de progression est immense !Diplômée de Science-Po Paris, Nathalie Mons a rejoint l’université après un parcours d’une quinzaine d’années dans le secteur privé en France et à l’étranger. Car aussi sérieuses ces études soient-elles, il est toujours délicat de comparer l’école d’aujourd’hui à celle d’il y a 20, 30 ou 40 ans. Du jamais vu. Entre les dictées, les problèmes à résoudre et les récitations « par cœur », le contrôle des connaissances ne semble pas non plus avoir changé. D’autres pays ont réussi à redresser la barre. D’une part parce que la société a changé. Quelles en sont les principales missions ?Nathalie Mons : Le Cnesco est une instance indépendante du ministère de l’Education nationale dont la principale mission est d’évaluer le fonctionnement et les résultats du système éducatif ainsi que les méthodologies des évaluateurs internes au ministère de façon à en garantir la robustesse scientifique et à éviter toute instrumentalisation politique. Nul expert n’osera aujourd’hui au regard des difficultés que connaissent les apprenants dans la communication orale et dans la production de texte cohérent et respectant les normes grammaticales, refuser que le mal existe. Scolariser les enfants de moins de trois ans permet de réduire les inégalités dans l’acquisition du langage et de préparer les premiers apprentissages, en particulier pour les enfants dont les familles sont éloignées de la culture scolaire. Cependant, le gestionnaire constate que malgré tous les efforts fournis par les autorités de l’établissement, la baisse du niveau des élèves reste une dure réalité dans cette école, comme c’est le cas dans la plupart des autres établissements du Sénégal. Sur la même période, l’Allemagne a vu cet écart diminuer de 10 points.En français, la situation n’est guère plus reluisante. « Cette baisse n’est pas statistiquement significative, souligne un professeur à l’université de Genève, Georges Felouzis, dans la revue Cahiers Français (n°368), mais elle reflète une tendance qui n’est pas négligeable car elle fait passer les élèves dans la catégorie des « moyens faibles » alors qu’ils étaient plutôt au-dessus de la moyenne en 2000 ».Les élèves d’aujourd’hui sont-ils si mauvais en orthographe ?

La réforme de la formation des maîtres et la création des ESPE (écoles supérieures du professorat et de l’éducation, NDLR) sont au service de ces évolutions. C’est frustrant, mais on n’a pas le choix. Une piste parmi d’autres pour sortir d’un fonctionnement (trop) conservateur de l’école comme le fait remarquer Nathalie Mons, présidente du Conseil national d’évaluation du système scolaire (CNESCO), grand témoin de ce dossier (lire son interview plus bas).Les mathématiques et le français ne sont pas les seules disciplines concernées par la baisse du niveau des élèves. Le constat du … A la même dictée, 46 % des élèves faisaient plus de 15 fautes en 2007, contre 21 % en 1997.L'évolution en calcul est également négative. Beaucoup de parents ne s’intéressent pas à l’avenir de leurs enfants. Lors de ses vœux au monde de l’Éducation, Nicolas Sarkozy s’est félicité jeudi 5 janvier que les programmes mis en place en 2007-2008 aient opéré un recentrage sur les apprentissages fondamentaux à l’école primaire. Dans un rapport de juin 2013, l’Inspection générale de l’Education nationale (IGEN) pointait déjà les retards pris dans l’application de certaines mesures telles que le dispositif « Plus de maîtres que de classes », l’accueil à l’école des enfants de moins de 3 ans ou encore la refonte des missions et des programmes de l’école maternelle et élémentaire, qui pourraient pourtant aider à améliorer la situation.Surtout, la France ne retrouvera pas son rang sans une profonde remise en cause de la pédagogie. Mais encore faut-il que les réformes annoncées voient le jour rapidement. Le ministère a publié une synthèse des évaluations du niveau en CM2 de 1987 à 2007 (note d'information 08 38).Si le niveau est resté stable de 1987 à 1997, il a en revanche nettement baissé entre 1997 et 2007. Alors qu’il y a 50 ans il suffisait de lire un texte à haute voix pour être considéré comme lecteur, il faut désormais pouvoir l’aborder silencieusement et en comprendre le sens.Mais le plus important, c’est qu’en 30 ans, l’école a profondément changé et les priorités d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui. La redéfinition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, la refonte des programmes, l’accompagnement de l’évolution des pratiques pédagogiques, notamment d’évaluation, renforceront confiance et motivation des élèves, favorisant ainsi l’amélioration des acquis scolaires. Mieux vaut ne pas prendre sa température que de mesurer sa fièvre.Mais cela ne l'empêche pas de monter. Beaucoup de parents ne s’intéressent pas à l’avenir de leurs enfants. Dans les fameuses enquêtes PISA, la France est passée entre 2000 et 2009, pour la compréhension de l'écrit, du 10La proportion d'élèves qui ne maîtrisent pas cette compétence a augmenté d'un tiers, passant de 15,2 %, à 19,7 %. « Depuis 10 ans que je travaille en ZEP, je dois me rendre à l’évidence : le niveau a tendance à baisser. Le niveau en lecture qui était celui des 10 % les plus faibles en 1997 est, dix ans plus tard, celui de 21 % des élèves.La baisse se constate quelles que soient les compétences.